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Pascal Bruckner : « Vivez en couple le plus tard possible ! »

décembre 28, 2013 Laisser un commentaire

Un professeur globe trotter
Titulaire d’une maîtrise de philosophie et d’un doctorat de troisième cycle, Pascal Bruckner a enseigné à Sciences Po pendant 15 ans avant de partir aux Etats-Unis et d’enseigner plusieurs années à l’Université de New York et de San Diego. « Cela reste une expérience extraordinaire, Je dispensais un cours en Français sur le nouveau roman, et deux cours en anglais : l’un en littérature comparée sur l’exotisme et l’aventure coloniale, l’autre sur le socialisme. » Actuellement, il enseigne tous les deux ans au coeur du campus du Bryan-College Station au Texas qui compte 60 000 étudiants. « Partir est un passage obligé. Il faut revenir avec un bagage culturel et intellectuel qui permet de réadapter la France au contexte international. »

Pascal_Bruckner

Le mariage continue-t-il de faire rêver les jeunes ?

Le mariage est devenu facultatif puisqu’on lui a substitué toutes sortes d’alliances plus ou moins ressemblantes qui combinent les avantages sans ses inconvénients, parmi lesquels le Pacs et l’union libre. Pour autant, le langage matrimonial continue de dominer la vie du couple. Les mots « mari » et « femme » restent la norme. Dans une France catholique, le mariage était un sacrement et l’amour était une conséquence heureuse ou non du mariage. Aujourd’hui, dans une France plus laïcisée, c’est l’amour qui est sacré et le mariage n’est qu’une formalité dont on peut se passer. Nous avons changé de sacré et c’est un changement fondamental.

La fidélité est-elle encore le ciment du couple ?
Les jeunes valorisent toujours autant la fidélité qui leur paraît préférable à une vie plus dissolue. Mais la fidélité physique et celle du coeur, ce n’est pas la même chose. L’infidélité est l’aimant qui permet de revaloriser la sexualité du couple. C’est le petit écart qui permet de rester dans le droit chemin. L’adultère est le complément du mariage. C’est très douloureux, mais ils vont de pair. Quand on instaure la monogamie, on instaure le risque de transgression. De là que nous sommes monogames en série.

Amour toujours, c’est un voeu pieux ?
La grande illusion moderne, c’est de croire que l’on peut tout bâtir sur l’amour et le désir alors qu’ils ne durent qu’un temps. On peut certes les transformer en autre chose, mais croire que l’amour et l’eau fraîche vont nous porter jusqu’à la fin de notre existence est une sottise. Le plus sage est de vivre en couple le plus tard possible. On est plus mûr après 40 ans, on se connaît mieux et l’on risque moins de céder aux foucades du premier ou de la première venue ! D’autant que les femmes ont des enfants de plus en plus tard, entre 33 et 40 ans. On vit plus vieux et plus longtemps, la médecine nous le prouve chaque jour un peu plus. Cette situation va profondément bouleverser les rapports humains à l’avenir. Difficile de rester avec son partenaire jusqu’à l’âge de 80 ans lorsque l’on s’est connu à l’âge 20 ans !

L’institution du mariage a-t-elle été remise en cause avec l’union des homosexuels ?
Le mariage gay ne marque pas la fin de la famille, mais son triomphe absolu. En effet, aujourd’hui, ceux qui se considéraient comme les marginaux de la société, ne demandent qu’à faire famille comme les autres et avoir des enfants. C’est la fin de la vieille malédiction qui liait l’homosexualité et la stérilité. La loi ne crée pas un état nouveau, mais entérine quelque chose qui était latent. Certes, le complexe d’Oedipe va être plus compliqué, il va donc falloir inventer de nouvelles formules d’identité.

À Lire dans Le Journal des Grandes Écoles

JDE

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Lilian Bonnefoi : roi de la pâtisserie à l’Hotel du Cap-Eden Roc

novembre 14, 2012 Laisser un commentaire

Depuis 17 ans, le chef pâtissier Lilian Bonnefoi met sa créativité au service de l’Hôtel du Cap-Eden-Roc, à Antibes. Tout en finesse et en légèreté, ses merveilles sucrées surprennent toujours les gourmands. Rencontre, les papilles en alerte, au cœur de son laboratoire avec sa brigade.

Lilian Bonnefoi et sa brigade (le deuxième en partant de la droite

En dégustant vos pâtisseries, on se dit que vous étiez prédestiné à devenir chef…

Je me rappelle qu’enfant déjà, je préparais du pain perdu caramélisé avec mes sœurs. Ma mère était aussi une bonne cuisinière et je me délectais de ses plats.À 14 ans, j’ai voulu devenir cuisinier. Il faut dire que mon oncle était le fleuriste attitré de Troisgros et que mon cousin y était cuisinier. Après un pré-apprentissage en pâtisserie, j’ai changé d’avis ! Après avoir obtenu mon CAP et mon brevet de maîtrise, je suis entré chez les frères Troisgros et j’y suis resté pendant plus d’un an au titre de commis puis de sous-chef pâtissier. L’expérience de la restauration m’a plu parce qu’elle offre une autre possibilité gustative. On travaille avec des produits que l’on peut dresser à la minute puisqu’ils vont être dégustés immédiatement. Autre avantage : on sucre moins les desserts dans la restauration et l’on utilise moins de gélatine car nous n’avons pas de contrainte de transport ou de conservation.

Sablé pistache framboise : le dessert gagnant depuis plusieurs années

Après Roanne et l’Hôtel Guanahani à Saint-Barthélemy, vous avez pris les commandes de la pâtisserie de l’Eden Roc en 1995. En quoi est-ce un privilège de travailler dans ce palace cinq étoile ?

Nous sommes ouverts sept mois dans l’année (d’avril à la fin octobre) et nous travaillons dans des conditions exceptionnelles. Les 14 pâtissiers et les deux boulangers s’activent sur les 400 m2 de surface de fabrication, répartis entre les trois laboratoires (pâtisserie, viennoiserie et chocolat), la petite glacerie et le fournil. Ici, tout est fait maison : de la pâte d’amandes aux yaourts, en passant par le pain, les confitures et le praliné. Pour les fruits, nous travaillons avec deux agriculteurs, l’un à Grasse et l’autre à Villeneuve-Loubet. Nos pâtisseries sont servies chaque jour au restaurant gastronomique ou au restaurant Le Grill.

Tarte au citron avec meringue apparente : « J’aime les gâteaux où l’on voit la crème et les fruits. C’est plus gourmand. Voir ce que l’on mange, c’est le nec plus ultra »

Loin de vous reposer sur vos acquis, vous créez en permanence de nouveaux desserts. Est-ce un challenge gustatif ?

Dans un palace, on cherche souvent la régularité et le classique. Moi, mon moteur, c’est la création et la passion. Chez Troisgros, le chef pâtissier nous disait : « Aidez-moi car je n’ai plus d’idée ! ». Je ressentais une telle joie quand il validait mon dessert ! Ça m’est resté. Du coup, je demande régulièrement à mon équipe des nouvelles idées de gâteaux pour les menus. En période pleine, nous proposons quinze sorte de gâteaux différents. Le dessert assiette, c’est un moment où le client s’attend à découvrir autre chose qu’un gâteau vendu dans une pâtisserie. C’est éphémère et fragile à la fois. Nous réalisons d’ailleurs toutes les demandes des clients, mêmes les plus farfelues, comme ce gâteau de trois mètres de haut que nous avons réalisés à la demande de touristes russes. En ce domaine, l’imagination n’a pas de limite !

Pomme Reine des reinettes : Pomme cuite pendant douze heures à 90° fourrée avec une crème d’amande à la cannelle et recouverte d’une sauce caramel au sucre noir du Japon légèrement acide. Dix essais ont été nécessaires pour parvenir à ce niveau de perfection.

D’où l’importance de susciter la surprise. Du commis au chef pâtissier, tous les membres de la brigade doivent créer au minimum un dessert dans la saison. Nous organisons tous les mois et demi des dégustations où l’on juge l’aspect, la texture et le goût du gâteau proposé. La personne recommence jusqu’à ce que son dessert soit abouti. Après plusieurs essais, certains sont mis de côté et d’autres sont intégrés au menu découverte qui change une fois par semaine. Ces séances boostent notre créativité : On évolue plus vite avec 12 cerveaux qui ont différentes façons de voir les desserts. Tous les membres de l’équipe doivent également réaliser une pièce artistique en chocolat. Cela leur permet d’être toujours motivés et de ne pas tomber dans la routine.

Le Finger chocolat : un sablé gianduja, une dacquoise noisette et une mousse chocolat caraïbe recouverte d’une crème légère à la vanille et de confiture de lait. Sur les côtés, une émulsion de lait.

Envisagez-vous d’ouvrir un jour une boutique à votre nom ?

J’y pense depuis plus d’un an, mais ce n’est pas une décision que l’on prend à la légère. D’autant qu’il est difficile de partir d’une maison aussi exceptionnelle où l’on a tous les moyens à sa disposition pour exceller dans la pâtisserie. Peut-être que cela se fera mais pas nécessairement en France. Tenter l’aventure en Asie ne me déplairait pas…

Plus de sucre ? On ne résiste pas à vous montrer la brigade en action. Tous rendent hommage à la créativité du Lilian Bonnefoi et sont fiers d’appartenir à cette « grande famille. »

Fabien Corsi, le Sous-Chef, sucre les desserts au pistolet

Ève en pleine réalisation du fraisier

Opération choux chocolatés pour Marilyne

 

Le restaurant Le Grill avec vue sur la mer

La recette express du chef : « À la maison, c’est moi qui cuisine.  Une idée de dessert facile et rapide ? Faites poêler des fruits avec du miel puis réaliser une pâte à crêpes. Mettez-y les prunes dedans comme une grosse omelette. Saupoudrez de sucre. »

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Salon du chocolat à Paris : l’extase !

novembre 7, 2012 Laisser un commentaire

Avec près de 130 000 visiteurs chaque année, le Salon du Chocolat est le plus grand événement dédié au cacao organisé dans la capitale. Cette année, le salon a eu lieu du 31 octobre au 4 novembre et a célébré les Nouveaux Mondes du chocolat. Un rendez-vous automnal créé par Sylvie Douce, reine de ce chocolat show depuis 18 ans. Rencontre.

Êtes-vous une mordue de chocolat ?

Oui, bien sûr ! Le chocolat c’est d’abord un plaisir, un moment associé au bien être mais aussi un anti-stress, un compensateur d’énergie et une source de magnésium. J’ai vécu une histoire d’amour avec le chocolat dès mon plus jeune âge car mon grand-père dirigeait une entreprise de biscuits nappés de chocolat, les gondolos. Aujourd‘hui, cette société n’existe plus, mais mon penchant vient sans doute de là.

Comment est née l’idée d’organiser une grande fête annuelle du chocolat ?

En créant ma société d’événementiels, j’avais déjà expérimenté les « Nuits du chocolat » autour d’une marque réputée. Ces « nuits » ont très vite été victimes de leur succès puisque les gens se battaient pour entrer ! Devant l’ampleur du phénomène, nous avons souhaité donner une autre dimension au chocolat et y rallier les grands noms de l’industrie chocolatière. Le salon est né d’une constatation : 90 % des Français consomment du chocolat et les 10 % restant…mentent ! Mais le chocolat, c’est aussi un lien entre les hommes. À la base, il y a les pays producteurs qui, pendant longtemps, ne connaissaient pas le produit fini. Au sommet, il y a les consommateurs qui ont longtemps cru que les tablettes poussaient dans les arbres ! Ils ne connaissaient pas le cacaoyer ni les procédés de fabrication. Nous avons donc dévoilé un véritable phénomène de société, la tendance au tout chocolat, et nous avons mis en avant la chaîne du cacao, depuis les pays producteurs comme la côte d’ivoire ou le Venezuela, jusqu’au produit fini qui arrive dans l’assiette du consommateur.

L’idée a-t-elle été acceptée rapidement ?

Pas du tout ! Nous avons traversé un vrai parcours du combattant. Au départ, personne n’y croyait et tout le monde nous donnait perdant, mais la Mairie de Paris nous a toujours soutenu. Pour l’inauguration du premier salon au quai Branly, le succès a été immédiat et les gens faisaient la queue jusqu’à la Tour Eiffel ! Nous avions 40 exposants, ils sont aujourd’hui…160 ! Quant aux nombres de visiteurs, on en décompte plus de 120 000 chaque année !

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Une Fête des gâteaux toute en douceur

septembre 24, 2012 Laisser un commentaire

Pour la quatrième année consécutive, grands et petits étaient conviés, ce dimanche 23 septembre 2012, à la Fête des Gâteaux organisée par l’Association des Pâtissiers de Restaurants Côte d’Azur (APRECA) à la Bastide Saint-Antoine Jacques Chibois à Grasse. Au menu : Fantaisie, gourmandise, rencontres et surprises !

Un seul mot d’ordre : la pâtisserie accessible à tous

Le goûter gourmand a rassemblé des milliers d’amoureux de la pâtisserie. Outre les 16 stands, qui proposaient des dégustations de macarons, kouign-amann et babas, un grand concours était organisé sous la houlette du Chef Antibois Christian Cottard. L’enjeu ? Deviner le poids de la majestueuse sculpture en sucre réalisée par Stéphane Klein, formateur à l’Atelier des Arts du Sucre. Piqués au jeux, les participants ont misé 2€ avec l’espoir de gagner un week-end pour deux personnes à la Bastide St Antoine. Tous les bénéfices ont été reversés au Lions Club Impérial pour aider les enfants de l’hôpital Lenval de Nice.

Lilian Bonnefoi, chef pâtissier à l’Hôtel du Cap-Eden-Roc d’Antibes et Stéphane Klein, le Roi du Sucre, en plein montage.

À goûter avec les yeux

Les choux du pâtissier Matyasy à Toulon-Hyères

Les tartelettes version cornet de la pâtisserie Cappa à Nice

Des décorations macaronnées

Des babas à se damner

La Bastide Saint Antoine Jacques Chibois, hôtel restaurant cinq étoiles

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Ingrid Astier : « Manger, c’est voyager ! »

septembre 11, 2012 Laisser un commentaire

Quel a été votre parcours gourmand et d’où vient cette passion pour les mets ?

Mon parcours gourmand a débuté très tôt. Je dirais presque dès la naissance, puisque ma mère, en Bourgogne, m’a toujours nourrie avec des produits du jardin. Je considère comme une grande chance d’avoir gardé par le jardin ce lien fort à la terre, aux saisons, aux racines. Sentir et goûter font partie des réflexes dans ma famille, puisque fleurs, fruits et légumes se côtoient au potager. Logiquement, les légumes et les fruits sont pour moi aussi un parfum, tout comme les fleurs — comestibles — ont par ailleurs un goût. Je pense aux fleurs de sureau, cet arbuste dont les grappes de fleurs blanches ont un parfum de feuille de cassis et de miel. Alain Passard, le chef triplement étoilé de L’Arpège, les dépose merveilleusement sur un gratin d’oignon doux des Cévennes. Et le parfum devient saveur…Le jardin libère des préjugés. Ainsi, quand je passe près d’un rosier, je l’aime tout autant pour sa floraison, son parfum ou son feuillage que pour ses pétales que je cuisinerai ou encore ses fruits rouge orangé, les cynorrhodons, que j’adore manger. Vint ensuite la fascination pour les belles tables. Ayant grandi en pleine campagne, au milieu de nulle part, les restaurants m’ont toujours fait rêver. Les nappes, les verres, les bouquets, la présentation des plats et ces mains qui dansent autour des assiettes… Lieu de sociabilité aussi, avec des visages inconnus et des bribes de conversations saisies au vol. Un lieu où l’on remplit une fonction commune (manger), avec le dépaysement en plus. Manger, c’est dès lors voyager. Dans d’autres habitudes, d’autres mentalités, d’autres techniques, d’autres ambiances, d’autres goûts.

J’ai commencé à rêver, enfant, sur la lecture du Guide Michelin avec mon frère. On prenait une ville au hasard et l’on rêvait sur les noms des restaurants et les intitulés des plats. On sentait que l’on touchait à du sacré, que dans notre culture, on ne plaisante pas avec le bon. Quand je suis arrivée à Paris pour mes études, j’ai eu besoin de recréer un microcosme. Les marchés me rassuraient par leur proximité. On achète des produits à un producteur, une personne, non à un système anonyme et froid. De cette façon, j’ai très tôt cherché à rencontrer toutes les personnes qui se cachaient derrière les produits que j’appréciais (Pierre Hermé pour les desserts, Jacques Genin pour le chocolat, Laurence Cailler pour la vanille, Olivier Baussan pour les huiles d’olive, François Pralus pour ses tablettes de grands crus, Alain Passard derrière L’Arpège ou Pascal Barbot derrière L’Astrance parmi d’autres).

Cuisinez-vous au quotidien ou seulement pour les grandes occasions ?

Avant, je cuisinais au quotidien. Je ne voulais pas réserver le meilleur pour les grandes occasions — la vie est bien trop courte. J’aimais préparer six ou sept desserts pour que la cuisine rejoigne son idéal : le partage et la générosité. Depuis quelques années, mes romans policiers* prennent toute ma vie, à cause du long travail préparatoire, de terrain, qu’ils exigent. Les périodes de repli sont essentielles pour arriver à bâtir un imaginaire. Mon ami a de telles mains en or pour la cuisine qu’il faisait naître chaque jour des plats sublimes. Mais attention, le sublime n’est pas pour moi synonyme de luxe. Mon plus grand bonheur est une salade de tomates avec des fraises et de l’huile d’olive. Ou des pommes de terre au parmesan. Ou encore des haricots verts à la pêche blanche. Mais je veux de vrais produits, une façon de les trancher qui optimise le goût et un sens poussé des cuissons.

Avec le recul, comment jugez-vous votre livre Cuisine inspirée* et les quatre ans passés à le réaliser ? Pourquoi ne pas avoir écrit en parallèle, un livre de recettes de cuisine ?

Cuisine inspirée, l’audace française, était un livre fou. Il y avait la fougue enthousiaste de la jeunesse de réunir vingt-cinq personnalités, d’aborder les produits majeurs de la gastronomie, de travailler avec un photographe unique, Hervé Nègre. Il fallut trouver des mécènes tant le projet était pharaonique ! Mais le résultat fut là. Le livre est bâti en quatre sections (portraits de personnalités, questionnaire, recettes et carnet d’adresses). Le questionnaire est passionnant pour toute personne qui s’intéresse à la cuisine. Les 25 personnes ont répondu aux mêmes 25 questions. Pour certaines réponses, j’ai mis deux ans à les obtenir.

La façon de photographier les chefs, moins statique et plus poétique, a inspiré jusqu’à certains portraits dans les journaux. Je me souviens encore de Michel Troisgros à qui j’ai demandé pour son portrait de parler à un gant de cuisine métamorphosé en petite loutre, ou encore de Guy Martin qui attrapait avec un chinois en inox des papillons suspendus, face à la grande horloge du Musée d’Orsay ! Mais aussi de Pierre Richard dont la moustache en vanille de Tahiti le faisait ressembler à Cyrano et à Dalí… Ou de Michel Bras qui sautait au-dessus d’une baguette de pain tenue par son fils Sébastien, et de Bartabas qui tendait un caramel à l’un de ses chevaux… On aura même accroché des pommes à des rubans au soleil couchant dans les arbres des quais de Seine, avec Hervé Nègre ! Ou fait rouvrir les jardins du Palais-Royal fermés pour cause de chute de neige afin de poser des guirlandes de caramels de Jacques Genin ! Donc oui, il fallait être fou.

Je n’ai pas écrit de livre de recettes en parallèle, j’ai préféré m’occuper de collections dédiées au goût aux éditions Alternatives (comme le merveilleux livre du cuisinier Grégory Marchand) ou participer à des livres dont les thèmes m’intéressaient, avec des gens que j’appréciais (Laurence Cailler, François Pralus et Hervé Nègre pour Cacao, vanille, l’or noir de Madagascar par exemple ou rencontrer des rosiéristes et des parfumeurs pour Le Goût de la rose et Le Goût des parfums). Sans jamais perdre de vue ce qui m’anime : l’art, la littérature, les sens et les rencontres humaines.

Pour vous, l’engouement pour la cuisine (émissions de télévision, livres, blogs) est-il un phénomène de société ou s’inscrit-il dans un mouvement durable ?

Les médias ont pour vocation d’exploiter des phénomènes de mode ou de civilisation. Les médias ne sont pas des dénicheurs. Ils récupèrent des sujets et des gens porteurs. L’engouement pour la cuisine correspond donc à un fait de société que les émissions relaient et majorent. Le phénomène est complexe et ne se laisse pas facilement schématiser, il faudrait parler tout en nuances. Mais l’on peut dire que le Français est depuis longtemps préoccupé par les plaisirs de la table. Cioran, un penseur, disait d’ailleurs que l’on reconnaissait un Français parce qu’il était le seul capable de tenir toute une conversation en parlant de ce qu’il avait mangé, de ce qu’il était en train de manger et de ce qu’il rêvait de manger. C’est vrai !

Les livres de cuisine représentent un secteur majeur dans le monde de l’édition. Les publications se multiplient car chacun cherche la poule aux œufs d’or. Et le livre est devenu éphémère. Peu de livres demeurent des livres de fond, les libraires reçoivent des vagues de nouveaux livres qui chassent les anciens. D’où cette profusion excessive, au détriment de la qualité. Le phénomène est comparable avec les lancements de parfums. On est loin de l’époque où un foyer avait un livre de cuisine de référence et où l’on restait fidèle à un parfum toute sa vie. Les échelles ont changé également : on raisonne à l’échelle du monde, on cuisine de la blanquette mais aussi des sushis, on achète du vinaigre de vin blanc ou du tosazu japonais. Cette ouverture n’est pas nouvelle, mais l’éventail s’est élargi. Les vecteurs pour communiquer ont explosé. C’est un truisme de dire qu’aujourd’hui, on peut partager ses impressions à l’échelle planétaire. Les blogs culinaires ont fleuri. Par-delà le côté pratique (l’échange de bonnes adresses ou de recettes), les gens ont besoin de partager une expérience sensible, un ressenti. Ce qui prouve l’essentiel : que l’expérience culinaire a besoin des mots et de l’échange.

L’engouement pour la cuisine répond par ailleurs efficacement aux phobies. Contre l’industrie, l’artisanat. Contre les dérives alimentaires, le bien manger. Le retour à une sphère plus humaine, plus incarnée. On n’a plus envie d’acheter de la viande à l’aveugle, on a envie d’un homme ou d’une femme qui l’incarne, qui nous révèle les arcanes du goût, qui en garantisse la qualité comme Michel Brunon au Marché d’Aligre.

Avez-vous envisagé de créer un blog culinaire ? Écriture et nourriture sont-elles des passions transmissibles au plus grand nombre ?

Je n’ai jamais pensé à créer un blog. Mon métier ne m’en laisserait pas le loisir. Mais j’apprécie le travail d’éclaireur de Bruno Verjus par exemple, l’auteur de Recettes pour ma femme, l’un des meilleurs livres de cuisine, qui partage ses bonnes adresses et les gestuelles des artisans sur foodintelligence. Il perpétue cette veine dans l’émission On ne parle pas la bouche pleine, sur France Culture. Preuve que l’assiette est culture. Le goût est doublement culturel puisqu’il repose sur les cultures agricoles, sur la terre, et qu’il enrichit notre sensibilité, qu’il la cultive. En chaque gourmand sommeille un semeur. La nourriture touche bien sûr le plus grand nombre. Si la majorité n’est pas forcément concernée par la passion des échecs ou les nœuds marins, le Français reste passionné par son assiette. De plus en plus, il a envie de manger en conscience : que ce soit bon, que ce soit sain et concoure à l’équilibre du monde.

Cuisine et minceur sont-elles compatibles ?

Bien sûr ! Le principe est simple avec les produits industriels : la quantité ne peut aller avec la qualité. L’important est, d’abord et avant tout, le produit. Même le chocolat est, comme le souligne Jacques Genin, un produit frais. Passé une semaine, il estime que ses ganaches n’ont plus le même goût. Plus le produit est de qualité, plus il se suffit à lui-même et va avec une alimentation saine. Les sauces lourdes servent souvent à masquer la médiocrité des matières premières et l’approximation des cuissons. Comme le dit Alain Passard, plus l’on cuisine, plus l’on apprend à gommer le geste de trop. Tout geste devient alors décisif. On apprend à plus respecter le produit, à ne pas couper inutilement. Ainsi, Alain Passard fait manger les radicelles des légumes, comme celles des jeunes poireaux, grillées. C’est délicieux. Les ceviches montrent combien la cuisine peut être savoureuse et légère. Quant aux desserts, un excellent sorbet reste sain, comparé à un pain au chocolat industriel. Après, je préfère manger en plus petite quantité et varié, que de me priver de la sensualité du beurre ou du lacté somptueux de la burrata !

* Quai des enfers, Gallimard, Série Noire.

Angle mort, Gallimard, Série Noire (à paraître en janvier 2013).

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Mon guide à l’honneur !

octobre 3, 2008 Laisser un commentaire
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Une présentation très gourmande !

septembre 25, 2008 Laisser un commentaire

Les macarons de Dalloyau

Mercredi 24 septembre à la Librairie gourmande a eu lieu une séance dédidace de mon « Paris en douceurs ». Un belle après-midi où les convives ont pu acheter le livre et déguster des gourmandises à la hauteur de leurs attentes. Merci à tous les maîtres chocolatiers et pâtissiers qui ont fait de cette journée une merveille :

http://www.jphevin.com

http://www.gerard-mulot.com

http://www.laduree.fr

http://www.dalloyau.fr

http://www.lamaisonduchocolat.com/fr

http://www.philippe-pascoet.ch

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Découvrez mon premier guide gourmand

septembre 16, 2008 1 commentaire
Couverture du guide Paris en Douceurs

Couverture du guide Paris en Douceurs

Partir à la conquête des sucreries parisienne ? Un rêve que j’ai souvent fait étant petite et qui a mis 33 ans à se réaliser. Mais ne dit-on pas que toutes les bonnes choses viennent à qui sait attendre . C’est donc armée de ma curiosité gustative et de ma passion pour les rencontres humaines que j’ai envisagé ce parcours sucré à travers « ma » capitale.

Comme moi, régalez-vous avec ce guide des meilleures adresses de pâtissiers, confiseurs ou chocolatiers de la capitale, destiné aux gourmets comme aux simples gourmands !

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